Il est dit qu’à l’origine, il n’y avait rien. Tout n’était que vide et néant.

De ce néant naquirent huit êtres aux pouvoirs extraordinaires. Tous frères et sœurs, ils fonctionnaient par paire.

En unissant leurs pouvoirs, ils créèrent le monde. Au prix de leur sueur et de leur sang, la terre se forma, délimitée par des mers et des océans, sillonnée de lacs et de rivières, déformée par des montagnes escarpées, desséchées en déserts à la chaleur implacable ou agrémentée de forêts sombres et touffues. Une fois le monde créé, ils lui donnèrent un nom : Demeriah. Puis chacun choisit une section du monde qu’il nomma « comté » et qu’il modela à son image.

Ainsi chacun était traité également et bénéficiait des mêmes avantages que ses frères et sœurs. Les Dieux cependant, trouvèrent le monde vide et décidèrent d’y adjoindre de la vie, ils créèrent les animaux, puis prirent le risque de créer des êtres à leur image qu’ils nommèrent « humains ». Chacun était idolâtré dans son comté et veillait à la bonne marche de celui-ci. Ils désignèrent des humains parmi la population qu’ils élevèrent au rang de noble afin qu’ils gouvernent selon leurs préceptes le comté en leur absence.

Cependant, plus le temps passait, et plus les Dieux se rendirent compte que leurs pouvoirs se régénéraient, les faisant regorger d'énergie, et que leur présence ensemble rendait leur monde instable.

Le Dieu de la Mort leur proposa alors un marché. S’ils étaient trop dangereux tous ensemble, pourquoi ne les feraient-ils par mourir et les ramener à la vie chacun leur tour ? Les autres Dieux acceptèrent, préférant limiter les risques liés à leur présence conjointe. Le Dieu de la Mort devrait rester en vie néanmoins pour réincarner ses frères et sœurs et les faire passer à trépas une fois leur temps révolu.

Ainsi, selon la légende, tous les sept siècles, chacun des Dieux revient à la vie, se réincarnant dans un nouveau-né. Il vit à allure humaine, grandit, puis vieillit avant de retourner auprès de son frère pour mourir. L’équilibre ne doit pas être rompu, sans quoi le monde tremblerait et risquerait de se déliter.

La terre tremble et gronde de plus en plus souvent. J'entends au loin les explosions de lave des volcans du comté de Beorn. Les vents soufflent plus violemment qu'autrefois et amènent avec eux des tempêtes plus effroyables encore. La mer furieuse jouent avec les navires comme un enfant avec de petits insectes. Non, notre monde ne va pas bien. Le soleil perd de sa chaleur, de sa lumière...Les cultures ont de plus en plus de mal à pousser, et la maladie sévit partout dans Demeriah.

Cela fait trop longtemps que notre frère Beorn ne nous est pas revenu. Voilà plus de six siècles qu'il aurait dû retourner au néant. Je ne peux le retrouver seul. J'ai donc réveillé nos frères et sœurs normalement. Mais nous sommes à présent sept sur terre, sur les huit. Notre présence conjointe rend le monde de plus en plus instable. Et nous ne pouvons rien faire tant que Beorn restera introuvable. Quand les Dieux eux-mêmes commettent des erreurs, vers qui donc peuvent-ils se tourner ?

Les Huit Dieux à l'origine de Demeriah ont tous une apparence humaine, ils sont tous frères et soeurs : quatre hommes, et quatre femmes. Et ils forment des paires, ou plutôt des couples.

Le premier Dieu était celui du feu, Beorn. Il contrôlait les volcans, la chaleur…De la trentaine d’années à peu près – comme tous ses frères et sœurs – il affichait un visage rude et tanné. On le représentait souvent torse nu car on disait de lui qu’il ne craignait pas le froid et que son corps dégageait une chaleur intense. Il avait la réputation d’être un homme impulsif et colérique.

Sa sœur et amante, Laviksha, était la Déesse des eaux. Gouvernant aux mers, rivières et fleuves, on disait d’elle qu’elle était malicieuse et sensuelle. Plutôt grande pour une femme, elle possédait un visage aux traits ronds et avait toujours un demi-sourire aux lèvres. Ses longs cheveux raides tombaient jusqu’aux creux de ses reins et on la représentait souvent peu vêtue, couverte d’à peine un voile car elle aimait se baigner à longueur de temps.

Le second Dieu était Dhëposs, Dieu des montagnes. Il contrôlait les rochers de toutes tailles et tout ce qui avait trait à la pierre. On disait de lui qu’il était rude, mais bienveillant. Plus trapu que son frère Beorn, il avait la mâchoire carrée et une barbe maladroitement taillée. Toujours emmitouflé dans des manteaux de peau et d’épaisses bottes, il ressemblait à n’importe qu’elle montagnard que l’on pouvait croiser.

Sa sœur et amante, Alarya, était l’incarnation même de la mère nourricière. Plus petite et ronde que sa sœur, elle possédait un visage rond et souriant, dégageant un sentiment de confiance et de bienveillance. Elle gouvernait à la terre et aux plantes et beaucoup de paysans s’en remettaient à elle pour leurs cultures.

Sa sœur, Miyël, était également très demandée en raison de son influence sur les climats. Réputée capricieuse et impartiale, la Déesse était néanmoins d’une beauté froide. Son visage fin à la mâchoire légèrement carrée la rendait plus belle encore que les autres, alors que sa chevelure aux boucles épaisses lui conférait une certaine majesté. Elle était mince et semblait très légère, bien qu’elle ait de la présence et de la prestance.

Elle était l’amante de son frère, Vixen, le Dieu du temps. Il était l’un des Dieux les plus mystérieux. On disait qu’il définissait à la naissance le temps de vie accordé à chaque chose. On disait également qu’il avait choisi le temps que durait une journée, un mois, une minute ou une année. Son influence était difficile à déterminer. Mais ceux qui venaient le prier le faisaient en général pour demander un sursis, ou davantage de temps avant de mourir. Il était séduisant, au visage impénétrable. Plutôt grand et carré d’épaules, on le disait le plus séduisant des Dieux.

Pour finir, Ghyshane, sa sœur, Déesse de la Lumière était tout aussi mystérieuse que lui. On disait qu’elle était à l’origine de la lumière du monde et d’essence plus difficiles à comprendre comme le bien ou le mal. On disait d’elle qu’elle était la lumière des voyageurs égarés, l’espoir ou encore la rédemption. Le Pardon. Elle était discrète, aux cheveux longs et au visage fin et sans sourcils. Mince et très grande, elle dégageait une impression de paix.

Son frère et amant, Rönak, était le Dieu de la Mort. Impartial et reclus quelque part dans le monde, il inspirait une crainte respectueuse. Plutôt petit par rapport à ses frères, il était moins musclé et plus mince et délicat que les autres tout en restant séduisant. On disait qu’au moment de mourir, il posait ses lèvres sur celles du mort et aspirait son âme.

Le monde est un royaume gouverné par un roi autoritaire et très croyant. Le royaume est divisé en comtés, lesquels sont dirigés par des familles nobles. Chaque comté est sous la protection de l’un des huit dieux de leur religion.

Le Comté de Miyël

Le comté de Miyël est supervisé par la famille Rior, ferme mais juste. Le temps y est sans cesse changeant, le ciel sans cesse mouvant. Tout n’est que collines et plateaux là-bas. Les maisons sont en pierre, massives et sombres, tout comme les châteaux et les remparts. Ses habitants considèrent que chaque changement de temps est une indication de l'humeur de leur Déesse, ils prennent donc soin d'aller au temple quand le temps se dégrade et de la prier régulièrement pour l'honorer et obtenir pluie ou soleil selon leurs besoins. C'est dans cette région que les cultures les plus diverses sont cultivées. La Déesse ayant mis en place diverses micro-climat dans son comté pour permettre de cultiver un maximum de plantes.

Le Comté de Dhëposs

Le comté de Dhépöss est supervisé par la famille Landswig, retirée et très fermée. Situé dans les montagnes, tout y est rocailleux ou couvert de neige selon les saisons. Les habitants vivent dans des maisons souterraines ou troglodytes. Beaucoup de bijoux viennent de là-bas en raison des mines de joyaux qui s’y trouvent. Il y a également des mines de métal extrait et revendu à prix d'or aux autres villes du royaume. Les habitants des montagnes ont tendance à rester dans leur comté en reclus. Ils sont d'un naturel prudent et vivent à la dure. Ils élèvent également quelques troupeaux d'animaux, mais ne commercialisent pas la viande ou la laine obtenue qu'ils conservent à leur usage personnel.

Le Comté d'Alarya

Le comté d’Alarya est supervisé par la famille Naarma, tyrannique. Tout y est forêt et ruisseaux et c’est de là que viennent la plupart des ressources agricoles du royaume. Les maisons sont dissimulées dans la forêt, certaines souterraines, d’autres perchées dans les arbres. La forêt est dense et abondante, fournissant à ses habitants tout ce dont ils ont besoin pour survivre. Les Alaryens commercialisent le bois et produisent des meubles et divers objets en bois, très appréciés dans le reste du royaume. Ils rendent grâce à leur Déesse chaque jour et prennent grand soin de la forêt qu'elle leur a laissé.

Le Comté de Vixen

Le comté de Vixen est supervisé par la famille Zwan-Phen, sage et réfléchie. C’est là que se trouve la capitale et le centre économique du pays. Les cités sont de pierre blanche et les maisons également. C'est le Comté le plus riche du Royaume où vit également le Roi, grand croyant et adorateur du Dieu qui considère qu'il restera sur le trône tant que le Dieu décidera qu'il l'honore comme il se doit. Le Comté en lui-même n'est qu'une succession de plaines où les paysans font pousser des cultures, ou élèvent des troupeaux. C'est également dans ce Comté que la présence militaire est la plus forte.

Le Comté de Laviksha

Le comté de Laviksha est supervisé par la famille Demerhya, méfiante et égoïste. Située dans les archipels, les maisons sont sous-marines, ou construites sur les îles. C’est de là que viennent les produits de la mer. Le savoir faire des marins et plongeurs des archipels rend le commerce maritime totalement exclusif pour ce comté et lui permet de s'enrichir et d'être protégé des autres comtés. Il existe bien sûr d'autres bateaux ailleurs, mais ils ne sont pas aussi grands ni aussi rapides que les bateaux Lavikshains.

Le Comté de Beorn

Le comté de Beorn est supervisé par la famille Rolhan, puissante et sans pitié. Au cœur d’un ancien volcan, c’est là que se trouvent les forges du royaume et de là que viennent les armes en tous genres. Un partie de la production agricole vient de là également. Les volcans offrent des sols fertiles quand ils ne sont pas en éruption. Ainsi, des fruits et légumes plus exotiques proviennent de ce Comté qui s'approvisionne généreusement en métal chez le comté de Dhëposs pour créer toutes les armes qui partiront ensuite pour la capitale. Les gens du volcan ont tous la peau tannée par la chaleur et mâte, ils vivent selon la loi du plus fort et il n'est pas rare que le noble en place soit renversé et remplacé par un guerrier plus fort ou plus malin que lui.

Le Comté de Ghyshane

Le comté de Ghyshane est supervisé par la famille Lhüvac, rêveuse et chaleureuse. Contrée brumeuse où plantes, animaux et autres sont luminescents ou phosphorescent. Beaucoup de nobles y ont des maisons secondaires. C'est un endroit très calme et retiré du monde. On y trouve beaucoup de lieux de détente comme des salons de massage ou des piscines privées. Aucune culture n'y est faite, là-bas, on commercialise la tranquillité et les plaisirs simples de la vie. C'est un endroit très apprécié pour se ressourcer.

Le Comté de Rönakl

Le comté de Rönak est supervisé par la famille Graam, mystérieuse et fidèle. Au plus profond d’une forêt et des marais, c’est là que se trouvent les érudits. La région y est inhospitalière. Une large ceinture de marais et de mangrove entoure la partie centrale qui n'est que roche noire et brumes. Tout est fait pour décourager qui que ce soit d'y entrer. On dit que quelque part au coeur de ces montagnes tranchantes et sombres, le Dieu vit encore et accomplit son travail avec précision et inflexibilité. C'est un lieu que les érudits ont choisi pour établir leur grand Temple et y étudier. Une fois leur apprentissage terminé, il repartent vers des contrées plus accueillantes. Le Dieu semblait les tolérer puisque ces ermites ne cherchaient pas à le trouver.

La monnaie en place est le souverain (or, argent et cuivre).

Le roi a le pouvoir de choisir quel noble prend la tête de quel comté en procédant à une cérémonie où les Dieux trancheront si oui ou non ils sont d'accord avec ce changement. C'est lui qui tranche lors de conflits d'intérêts entre comtés, et également lui qui dirige l'armée du royaume pour étouffer révolte ou guerre civile (principalement dans le comté de Beorn). Il supervise les échanges commerciaux et donne ou non son aval à toute nouvelle loi que veulent faire passer les nobles à la tête des Comtés.

Chaque Dieu bénéficie d'une fête qui se doit d'être honorée dans son comté et suivie par des offrandes dans tous le royaume.